LA VILLE
La ville de Tupiza est encerclée par des canyons, les
« cerros rojos », et c’est ce qui fait tout son charme… Les paysages
qui l’entourent sont magnifiques et dignes du meilleur western ;)
La ville est bordée par un fleuve pratiquement sec à
cette époque de l’année mais qui regorge d’eau à la saison des pluies, faisant
de Tupiza un véritable paradis selon les dires de Carmen (la responsable de l’association
sur Marseille, qui ne nous rejoindra que le 4 juillet), les arbres et les
cactus fleurissent et Tupiza devient un verger. Les gens n’arrêtaient pas de
nous dire qu’il fallait que l’on revienne en mars !
En attendant, l’hiver est plutôt doux. Il fait froid la
nuit, mais dès que le soleil sort on peut facilement se mettre en manches
courtes, et ce jusqu’à cinq heures du soir (eeeeet, nous n’avons eu aucun jour
de pluie ! Ca nous change du printemps français que nous avons subi). D’ailleurs,
pour engager la conversation avec les tupicenos, Guillaume et Martin disaient souvent :
« Tienen suerte, en Francia, no hay sol durante el invierno » et à
eux de répondre « Ah si ??? »
On a donc pu lézarder à souhait sur notre balcon et
prendre quelques couleurs (bon, certes, surtout le visage et les bras, avec de
magnifiques marques de bronzage agricole/camionneur)
La ville en elle-même s’organise autour d’une place
principale sur laquelle se trouvent la mairie et l’église of course. Quand aux
maisons, Carmen nous expliquait que sa Tupiza (celle qu’elle trouvait belle)
s’arrêtait au niveau des rails et qu’on y trouvait plein de petites boutiques
très mignonnes. L’expansion urbaine a mené à la construction de tout un nouveau
quartier au-delà du fleuve et les petits commerces ont disparu au profit de
magasins vendant tous plus ou moins la même chose. La périphérie reste, comme
dans toutes les villes latinos, plus pauvre et délaissée de la municipalité,
cela se voit tant au niveau de la voirie que des espaces verts (oui, parce que
Tupiza dispose d’une pépinière municipale qu’Amanda a pu visiter et qui
alimente les petits jardins du centre, en particulier ceux de la place
principale).
Voici quelques photos de la ville pour que vous vous
fassiez une idée…
Il y a trois marchés couverts dans la ville, on y trouve
quantité de fruits et légumes, mais ce qui nous a le plus marqué sont les
stands de boucherie, totalement dépourvus de frigos et qui dégagent une odeur
nauséabonde dès le petit matin (attention, cela ne veut pas dire que leur
viande soit mauvaise, nous en avons mangé à plusieurs reprises et elle était
bonne !)
Notre logement se trouve à dix minutes à pied de la place
principale et seulement deux minutes du mercado de la Paz, que vous voyez
ci-dessus… et n’oublions pas le lieu-clef de la ville d’après les
garçons : el estadio de futbol ! Il est à trois minutes de chez nous
et nous y avons été à plusieurs reprises admirer le football local (au niveau
pitoyable d’après les garçons ^^). Les garçons ont même cru que c’était un
match de moins de 13 ans, alors qu’en réalité, c’était l’équipe première de
Tupiza qui jouait (oui oui, les adultes sont vraiment pas grands, et on vous
raconte même pas dès qu’on prend un peu de hauteur en tribunes XD)
NOTRE LOGEMENT
C’est Jenny, la sœur de Carmen, qui nous l’a trouvé …
Trois chambres et une cuisine, au troisième étage d’une petite maison avec cour
intérieure. Comme vous pourrez le constater, les finitions laissent un peu à désirer, comme dans la vaste majorité des
maisons en Amérique Latine. On construit pour que ce soit habitable, et on ne
finit jamais totalement, on ne sait jamais, on pourrait vouloir agrandir ou
rajouter un étage.
On a des toilettes à notre étage mais la douche est
commune… et l’eau plutôt gelée à notre grand bonheur ;)
La maîtresse de maison habite au rez-de-chaussée, c’est
une bolivienne typique, une « cholita » (c’est-à-dire qu’elle porte
la jupe traditionnelle, la « pollera » et deux longues tresses)… Elle
ne semble pas trop nous apprécier mais reste courtoise. Il faut dire qu’elle
prend le gardiennage de la maison très au sérieux, au point de fermer la porte
principale de l’intérieur dès 22h (on a malheureusement du réveiller nos
voisins de manière plutôt musclée pour rentrer certaines nuits ^^).
Autre aspect de la collocation qui nous a réjoui :
nous avons eu droit à un épisode de « je fais sécher ma viande sur
l’étendage de la cour intérieure pendant une semaine ». On nous a expliqué
que c’était une pratique commune à cette époque de l’année : les familles
font sécher la viande de lama (c’est l’hiver, donc il y a moins de parasites)
afin de faire du charqui pour le reste de l’année. La traversée de la cour
intérieure est devenue très difficile, surtout au petit matin… vive les
odeurs !
Dernier détail : les derniers jours, la dame du
rez-de-chaussée a mis à sécher deux
fœtus de lama (pratique de La Paz, et non de la région de Tupiza)… Les filles
étaient horrifiées à chaque fois qu’elles traversaient la cour, alors que
Martin et Guillaume suivaient leur progression de très près et allaient jusqu’à
les toucher !
NOS ANIMAUX DE COMPAGNIE
Lassie
Petit chiot trop mignon qui habite au rez-de-chaussée,
elle vient toujours quand on descend mais elle n’a pas le droit de monter
jusque chez nous, une planche en bois l’empêche de monter plus haut que le 1er
étage…
Au passage, petit commentaire sur les chiens à
Tupiza : une quantité incroyable de chiens errants sillonne la ville, ils
vont poser problème lors du passage du Dakar… les organisateurs ne veulent pas
voir un seul chien dans la rue ! Dans la plupart des villes visitées, même
topo, il y a des chiens absolument partout, pas toujours très beaux ou en bon
état d’ailleurs ! Certains sont même un peu fous et attaquent les
voitures, les bus, les motos (spectacle plutôt rigolo) mais jamais les piétons.
Autre détail qui nous a bien fait rire : afin de
différencier les chiens errants des chiens de maison, leurs maîtres les
habillent de la façon la plus ridicule XD
Hervé
C’est le chat de la maison, et un vrai petit chenapan.
Hervé n’est pas son prénom officiel (j’imagine que vous vous en doutiez, ça ne
fait pas très latino)… les garçons l’ont baptisé Hervé en l’honneur d’Hervé
Mattoux (admirez, le jeu de mots, y’a du niveau !), présentateur du Canal
Football Club pour ceux qui ne suivraient pas l’actualité footballistique.
Cette espèce d’idiot a profité du fait que la porte de la
cuisine fermait mal pour nous manger tout notre pain les trois premières nuits
alors que l’on dormait tranquillement. Il venait miauler à notre porte tous les
jours alors qu’il avait une gamelle pleine sous les escaliers, et dès que l’on
sortait la poubelle 30 secondes, on le prenait en flagrant délit, la tête dans
le sac plastique… Seul Guillaume avait un peu pitié de lui, et le soir du
barbecue poisson a la maison, il lui a donné toutes les têtes. Résultat :
le lendemain matin, odeur irrespirable, Hervé s’était infiltré et avait déchiré
le sac poubelle… on l’aurait embroché !
LA NOURRITURE:
vaste domaine, on va essayer de résumer un peu...
On a très bien mangé à Tupiza… généralement on se faisait
un repas par jour à l’extérieur, autour de 15 bolivianos le menu complet (soit
1,50 euros environ), mais rentrons dans le vif du sujet :
-
Le pain : vraiment pas le fort de la
Bolivie, il était industriel et plutôt sec la plupart du temps, m’enfin on s’en
est quand même acheté tous les jours, en bons français que nous sommes. Et pour
la petite histoire, la boulangère s’est amourachée de Martin et Guillaume,
qu’elle appelait ses « hombres fuertes », au point de sortir de la
boutique et crier leurs prénoms à chaque fois qu’ils passaient devant, ce qui
provoquait l’hilarité générale XD
-
Les spécialités :
- Orejas : sortes de beignets géants que l’on mangeait le matin avec du sucre… un délice ! (et seulement 10 centimes pièce)
- Saltenas : originaires de la ville de Salta, au nord de l’Argentine, ces empanadas se trouvent partout en Bolivie. Il en existe au four (les meilleures !) tout comme frites. La farce est à base de poulet émincé, pommes de terres en dés, œufs, raisins secs et plein d’épices qui lui donnent un petit goût sucré… Définitivement un des aliments qui nous manquera le plus.
- Tamales : il s’agit d’une spécialité à base d’une espèce de purée de maïs cuite à la vapeur dans sa feuille d’origine et fourrée de charqui (viande de lama séchée) et d’épices… très bon aussi (mais un goût un peu particulier, Chloé n’a pas du tout aimé par exemple)
-
Les plats :
- Les boliviens mangent énormément de poulet, alors on s’est adaptés et l’on a dégusté le poulet sous toutes ses formes : rôti, frit, en « milanesa » (escalope milanaise), en soupe, en picante de pollo (poulet à la cocotte, accompagné de tomates et oignons en petits dés et d’épices que je ne saurais nommer)
- Chuno : ce sont des pommes de terre déshydratées, qui forment un accompagnement très prisé, notamment dans les comedores (cantines) du marché, où l'on se régalait pour 1,20 euros, sans parler du service à la minute!
- Comme toujours, la soupe est présente à tous les repas et se décline sous d’innombrables formes : la soupe de mani (cacahuètes), par exemple, est une spécialité locale
- Le fromage de chèvre est une spécialité de la ville… Il est très bon, beaucoup plus doux qu’en France puisqu’ils le mangent pour le petit dej’. Seul hic : le côté sanitaire, puisqu’on est obligé de verser de l’eau bouillante dessus avant de le manger. C’est un autre projet du Canyon de l’Espérance que d’impulser un meilleur contrôle sanitaire de sa fabrication afin d’en faciliter la vente.
-
Les boissons
- Les Boliviens ne semblent jamais boire d’eau, mais du « refresco » (rafraîchissement) à longueur de journée. On pense que c’est parce que la boisson en question est à base d’eau bouillie, donc propre à la consommation, contrairement à l’eau du robinet. Le « refresco » est une espèce d’infusion à base de fruits ou de céréales (souvent du lin), hypra sucrée, qui se boit tiède ou froide. Il faut y être habitué pour pouvoir l’apprécier, c’est un peu particulier…
- Tarija, la ville au climat doux à 5h de bus seulement de Tupiza, est la grande productrice de vins de la région. On a pu en goûter à plusieurs reprises et le vin Bolivien n’a pas grand-chose à envier à son voisin chilien!
- La Teresa, liqueur de « membrillo » (coing) est une spécialité locale: son fabriquant l’a nommée d’après sa maman, a qui l’on doit la fameuse recette… très fort mais très bon également
LES GENS
-
Claudia & Javier :
C’est Jenny
qui nous les a présentés parce que Claudia coordonne un autre projet du Canyon
de l’Espérance. Elle a fait des études de vétérinaire à Tupiza et s’occupe du
projet d’amélioration sanitaire du fromage de chèvre. Le projet n’a pas encore
abouti, Carmen ne lui a donné que très
peu d’informations alors elle ne peut pas faire grand-chose toute seule à
Tupiza. Toujours est-il que lorsque nous l’avons rencontrée, elle nous a parlé de
l’association qu’elle a créé avec quelques autres jeunes professionnels de la
ville : c’est une association de protection des écosystèmes (elle
s’appelle TUECO : « todos unidos por los ecosistemas », soit
« tous unis pour les écosystèmes »), qui vise surtout à la
sensibilisation des jeunes.
Javier fait
également partie de l’association : il est ingénieur mais est actuellement
dans l’immobilier ( son hobby, c’est de créer des programmes informatiques pour
les vendre, un vrai businessman). Il nous a invités à plusieurs reprises chez
lui, sa famille a une belle maison, du côté des quartiers aisés de Tupiza.
Grâce à eux, nous avons connu Martin, Heidi et Roberto… C’est l’association TUECO qui nous a permis de nous
intégrer un peu à Tupiza, ils nous ont donné un coup de main avec notre projet
et ont été super gentils avec nous !
-
Martin :
Il a fait
ses études de vétérinaire avec Claudia puis est parti en Argentine se
spécialiser dans l’apiculture. Il est ensuite rentré à Tupiza installer ses
ruches à Palala (à 20 min de Tupiza), près de chez sa maman (il est d’origine
beaucoup plus modeste que Javier, et est bien plus proche de la culture quechua
que lui, sa maman porte encore le vêtement traditionnel). Il adooooooore
parler… un vrai moulin ! Pour vous donner une idée, la première fois que
Javier nous a invité chez lui, Martin a monopolisé la parole (littéralement…
personne d’autre n’a placé un mot) pendant plus d’1h30 à nous raconter ses aventures
(par ailleurs fort intéressantes et fort
drôles) à Rurrenabaque, ville de l’Amazonie bolivienne où il a travaillé avec
des pumas dans un parc. Il nous a fait découvrir les environs de Tupiza et
essayait tout le temps de nous trouver quelque chose à faire… c’est lui qui a
pris le plus de temps pour nous, ça nous a fait plaisir ! Il joue très bien de la guitarre et nous a
aussi fait découvrir la musique de la région : saias, guainos, sambas,
chacareras… on a eu droits à de super concerts !
Martin
aimerait construire, sur le terrain où il a ses ruches, des cabanons pour
accueillir des volontaires qu’il initierait à l’apiculture. On va essayer de
l’aider avec ce projet en le faisant connaître dans nos universités
respectives.
-
Aldrin :
Le petit
frère de Carmen, qui s’auto-proclame le « mouton noir »
(la « oveja negra »… les gens le connaissent plus par son
surnom que par son vrai prénom) de la famille parce qu’il n’a pas fait d’études
supérieures alors que tous ses autres frères et sœurs si… Il compose ses
propres chansons, peint, sculpte le bois et a récemment commencé à cultiver les
nombreuses hectares de sa famille (au beau milieu des canyons… paysages de
rêve !). Il compte à terme y installer une mare, des arbres fruitiers, y
élever des chèvres et des chevaux afin de proposer des balades équestres aux
touristes qu’il voudrait loger dans des cabanes sur place. Si le projet se
concrétise, il aura énormément de succès… les lieux sont paradisiaques !
A partir de
l’arrivée de Carmen, il a un peu pris le pas sur Martin en tant qu’organisateur
de sorties. Il nous a amené à deux reprises faire des visites aux alentours de
Tupiza dans son vieux jeep… il a aussi invité les garçons à un futsal qui les a
achevé avec l’altitude ! Beaucoup
plus silencieux que Martin, mais il a toujours été très gentil avec nous alors
que nous faisions les pires spéculations sur lui quand nous avons appris que
tout le monde le surnommait le « mouton noir » XD
Au final,
on a rencontré des gens super sympas sur Tupiza, qui ont véritablement égayé
nos deux premières semaines sur place, alors que le projet était au point mort.
Ils nous ont aussi permis de découvrir les richesses de la région , et donné
envie d’y revenir très vite !
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